Pourquoi des gares ? Pourquoi des indiens du Chili ou même des traditions culinaires régionales ? Un peu par goût du voyage, beaucoup par philosophie. 

Parce que voyager c’est voir des paysages nouveaux, découvrir des cultures différentes, rencontrer d’autres personnes dans des lieux lointains. Une myriade de sujets peints ou à peine esquissés par l’artiste Bernardo Naréa pour appréhender le monde actuel.

Ce monde où tout est mesuré, quantifié, étiqueté puis vendu, utilisé et enfin jeté, recyclé, remesuré, requantifié… L’univers des hommes pareil à un cycle sans fin sur les rouages duquel le peintre s’interroge.

Bernardo Naréa a alors décidé de raconter son monde où l’homme reprend sa place, entre voyages, rencontres et questionnement. Les gares y sont lumineuses et imprégnées d’un délicieux parfum suranné, le temps y est suspendu. Les marchés à bestiaux sont en effervescence perpétuelle, les totems sont dupliqués à l’infini comme emportés dans la danse effrénée de quelque mystérieux chaman. Les amphores aux courbes sensuelles ressemblent à une écriture ancienne depuis longtemps oubliée dont l’artiste s’emploierait à retrouver le sens.

Qu’ils figurent des corps féminins, des arbres ou des wagons sur toile ou sur un papier épais que le peintre aura pris soin de fabriquer, les sujets de Bernardo Naréa se répètent encore et encore jusqu’à parfois se trouver enfermés dans de petits carrés ou rectangles, devenant fétiches protecteurs.

Ne s’agissant pas tant pour l’artiste de mettre en lumière certains non-sens de la communauté des hommes que d’en rappeler le meilleur, Bernardo Naréa peint les traditions passées et présentes pour en révéler la quintessence et contribuer à remodeler le monde actuel en un environnement plus harmonieux et paisible où l’essentiel serait la vie.

Astrid Louarn,

Médiatrice culturelle